Thursday, 21 October 2010

Diabolisation de Facebook et des réseaux sociaux, un phénomène international

logo facebookLes médias traditionnels français se laissent souvent aller à la diabolisation des réseaux sociaux et prennent souvent des tons alarmistes pour dénoncer ces nouveaux suppôts de Satan qui semble-t-il  (selon eux) ont pour seul but de violer votre privée à des fins pas encore déterminées mais certainement pas très catholiques.

Je me rappelle encore d'un reportage de France 2 qui suivait un jeune homme s'inscrivant sur Facebook et s'indignait qu'on lui offre la possibilité d'indiquer sa religion sur sa page de profile.   En dehors du fait que toutes ces informations étaient optionnelles et que chacun peut créer la personna qu'il veut sur les réseaux sociaux, je m'étais tristement amusée de cette réaction de vierge effarouchée dans un pays qui n'hésite pas à demander l'âge et la nationalité, voire la photo des candidats à un emploi ou des potentiels locataires d'un logement.

Pourquoi les média s'entêtent-ils dans cette diabolisation ?  Je vois trois raisons.  J'écarterai rapidement la première : qu'ils soient de bonne foi et veuillent protéger le public.  Je leur accorde que Facebook peut parfois déraper en vendant des informations sur vos goûts afin que des publicitaires puissent vous montrer leurs produits avec de meilleures probabilités de ne pas complètement rater leur cible (par exemple des voyages si vous aimez voyager) mais c'est presque la règle du jeu avec les marketeurs et je peux vous citer quelques sociétés françaises traditionnelles aux pratiques de protection de la vie privée douteuses.

Il nous reste deux possibilités pour expliquer ce comportement : la surenchère médiatique (dramatiser pour créer de l'audience) et la simple bêtise, le manque totale de connaissance et de compréhension du sujet et la peur de la nouveauté.

La vérité est sans doute quelque part entre les deux.  De nouveaux démons apparaîtront pour permettre aux journalistes de faire du sensationnalisme à bas prix et les réseaux sociaux deviendront un élément comme les autres de notre vie sociale.

En conclusion, ce phénomène est humain.  Pour preuve, voici quelques extraits d'un amusant billet de Tarek Amr publié sur GlobalVoices qui décrit la diabolisation de Facebook par les média égyptiens et la réaction de la blogosphère égyptienne.

Logo Global VoicesEgypte : Méchant Facebook, méchant

La semaine dernière, le talk show quotidien Misr El-Naharda (L'Egypte aujourd'hui), qui est diffusé sur la chaine publique égyptienne Al-Masreya, abordait le sujet de Facebook et de son effet sur la société égyptienne.

Zeinobia parle de cette émission sur son blog [en anglais], et raconte comment les discussions étaient principalement des attaques contre Facebook :
L'émission de la télévision publique Misr El-Naharda qui discutait des avantages et des inconvénients de Facebook s'est concentrée sur les aspects négatifs du réseau social, le présentant comme un démon qui allait détruire la société égyptienne.

L'émission est devenue la risée de la blogosphère égyptienne alors que la présentatrice, Mona El Sharkawy, et ses deux invités Nadia Radwan et Gamal Moukhtar tenaient des propos trompeurs - et même drôles. L'émission a été enregistrée et publiée sur YouTube et des blogueurs comme Aam Mina ont publié les citations les plus drôles sur leurs blogs :

مني الشرقاوي: الفيسبوك طبعا تبع شركة جوجل العالمية وهو حجرة من حجيرات شركة جوجل.
نادية رضوان: فيه بردو موقع "مي بليس" شبيه ليه.
...
مني الشرقاوي: احنا بقينا جواسيس لبلدنا.. بنفضح بلدنا.
مني الشرقاوي: الحمدلله ان استخدام الانترنت لسة محدود

Mona El Sharkawy : Il est certain que Facebook appartient à Google. C'est en fait un satellite de Google.
Nadia Radwan : Il y a aussi "My Place", qui est un site très similaire.
...
Mona El Sharkawy : Nous sommes maintenant devenus des espions qui espionnent leur propre pays.
Mona El Sharkawy : Grâce à Dieu, la pénétration d'internet en Egypte est encore limitée.

UltimateServ raconte aussi sur Twitter comment l'animatrice avait fait une émission sur Facebook alors qu'elle n'avait jamais utilisé le site : "N'est-ce pas une honte que Mona El Sharkawy fasse une émission sur Facebook, et ensuite déclare qu'elle n'avait jamais pensé à s'y inscrire ? Voilà comment fonctionne la télévision publique. Que Dieu les punisse pour ça."

Après l'émission, de nombreux blogueurs ont commencé à penser que c'était une initiative du gouvernement pour dissuader les gens d'utiliser Facebook (...)

Et pour conclure, le ministère égyptien des communications et des technologies de l'information a démenti toutes les rumeurs de blocage de Facebook. Cela n'a cependant pas arrêté  le flot de  moqueries sur Twitter à l'idée de voir le gouvernement créer une alternative à Facebook et d'imaginer à quoi il pourrait ressembler. [en anglais et arabe].

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